Au printemps 2010, ma relation avec Romain se détériore rapidement. Il n’est pas très bienveillant envers moi, limite humiliant en me rabaissant devant ses colocs. Par ailleurs, je le soupçonne de faire escort pour un de ses amis qu’il appelle son « père » et qui lui donne des liasses de billets.
Je m’en fous dans le fond qu’il soit escort. J’aimerais juste qu’il soit honnête avec moi. Il y a quelque chose de malsain dans notre relation. Et puis on se prend la tête sur la politique. Il est clairement de droite et on a des visions diamétralement opposées de la vie.
Je me rends compte que cette relation est toxique. Je décide de le quitter. Il comprend et on reste en bons termes.
Me revoilà seul dans mon appartement à Noisy-le-Grand et de retour sur les sites de rencontres avec une difficulté supplémentaire : le VIH.
À cette même époque, on me diagnostique des condylomes dans le cul. Je dois me faire opérer sous anesthésie générale. Les semaines qui suivent sont difficiles. La cicatrisation est douloureuse. Impossible d’avoir des relations sexuelles en tant que passif. C’est très frustrant.
Du coup, je m’intéresse à d’autres pratiques plus cérébrales et notamment le BDSM . Je me crée des profils plus « hard », mais anonymes sur les sites de rencontres.
Ce que j’ignore, c’est que Romain a accès à mes e-mails personnels depuis que je me suis connecté sur son ordinateur portable.
Je m’en rends compte un jour en discutant avec un ami commun qui cite un pseudo que j’utilise sur un site de cul et que personne ne connaît. Il me dit que Romain est choqué par certaines de mes pratiques et qu’il est déçu aussi de la façon dont je parle de lui à Aurélie.
Aurélie vit à New York à l’époque et on échange uniquement par e-mail. Comment peut-il savoir ce qu’on s’écrit ?
Je suis dévasté, je me sens humilié.
Je lui écris un e-mail incendiaire. Il nie en bloc, bien sûr, mais finit son e-mail par des menaces…