Les premiers jours et premières semaines, je ressens le besoin de parler de ma séropositivité à mes proches. À commencer par mes meilleures amies, Virginie, Paméla, Aurélie, Nanou et Roxane. Ce sont des personnes intelligentes et leur soutien compte. Elles sont inquiètes, bien sûr, mais ni dans le jugement ni dans le drama.
Je décide aussi d’en parler à mon ex Rodrigue qui est bouleversé et m’apporte un soutien sincère dans cette épreuve.
Je n’ai jamais su qui m’a transmis le VIH et au fond ça n’a aucune importance. Pendant l’été/automne 2009, je me suis fait prendre sans capote par deux mecs rencontrés au Dépôt. Un Brésilien de passage à Paris que je n’ai jamais revu et dont j’ignore le nom et Malcom , un mec que j’ai revu plusieurs fois.
Je décide donc de prévenir Malcom. Il fait le test et découvre que lui aussi est séropo. Il me révèle que c’était son premier test du VIH depuis deux ans. Malcom habite en cité dans le 93, c’est un joueur de basket qui cache son homosexualité à sa famille, ses amis et ses voisins. On est restés en contact pendant plusieurs années et on a même recouché ensemble plusieurs fois et puis un jour on a arrêté de s’écrire.
J’espère qu’il est heureux aujourd’hui.
Comme le coming out LGBT +, le coming out séropo est une étape importante qui peut s’avérer libératrice ou au contraire très douloureuse selon les réactions des gens.
Certaines personnes manquent cruellement d’empathie et de savoir-être quand je leur annonce ma séropositivité. La mère d’une amie me dit : « Mais comment ça a pu t’arriver ? Tu es bien informé pourtant. » Pire, un ami me sort : « Ça devait bien arriver un jour, je t’avais dit que le Dépôt c’était une boîte à sida. »
Voilà une façon tout à fait détestable de faire culpabiliser une personne déjà très affectée par cette nouvelle bouleversante. Un peu comme une femme victime d’un viol à qui on reproche d’avoir mis une minijupe ou une personne atteinte d’un cancer des poumons à qui on reproche d’avoir fumé toute sa vie.
Fred Colby 