En mars 2017, une opportunité se présente à moi : on me propose un poste de secrétaire médical/community manager au 190. C’est un centre de santé sexuel LGBT que je fréquente depuis des années pour y faire mes check-up sexuels tous les trimestres. J’aime l’ambiance chaleureuse et l’équipe très gay friendly. Je crois beaucoup en la santé communautaire. Quand on est assis en salle d’attente et qu’on voit des gens qui nous ressemblent (parmi les patients et les soignants), ça rassure, ça déculpabilise et ça dédramatise.
J’accepte cette offre en me disant que ça sera intéressant d’observer un centre de santé communautaire de l’intérieur. Le directeur, Michel Ohayon, est un personnage brillant et flamboyant. L’équipe pluridisciplinaire est géniale. Les six premiers mois se passent très bien. Il y a une bonne ambiance dans l’équipe et je me lie d’amitié avec Marine, l’infirmière qui pique les plus beaux culs de Paris, Daniel, mon médecin chouchou et Yohann, mon collègue secrétaire est qui également drag-queen et comédien humoriste. J’apprends plein de choses sur le fonctionnement d’un centre de santé et je prends plaisir à animer les réseaux sociaux du centre.
J’ai de l’affect avec les patients aussi. Plusieurs découvrent leur séropositivité au centre. J’ai une obligation de confidentialité bien sûr, mais parfois j’ai juste envie de les serrer dans mes bras. Je suis admiratif du travail abattu par l’équipe. Avec seulement trois temps-pleins médecins et deux temps-pleins infirmiers, le 190 devient rapidement le second centre de suivi PrEP en France. Des liens forts se créent rapidement avec l’équipe. On va boire des verres ensemble à la fermeture du centre, on se fait des dîners, etc.
Mais très vite, je me rends compte que ce poste n’est pas pour moi. Intellectuellement, j’ai l’impression de régresser. Les tâches administratives m’ennuient. J’essaie de compenser avec la gestion des réseaux sociaux. Je crée un compte Twitter que j’anime quotidiennement, je coordonne la refonte du site Web du centre et j’organise une série d’interviews de chaque membre de l’équipe. À force de harceler les collègues pour qu’ils répondent à mes questions, j’obtiens le surnom d’Élise Lucet !
Mais rien n’y fait, je réalise que ce poste n’est pas pour moi et j’ai envie de me spécialiser dans le métier de community manager. Au bout d’un an je demande une rupture conventionnelle et je quitte le 190 le 18 mai 2018, le jour de mes 37 ans.