J’ai testé pour vous : un bordel à San Francisco

Dimanche 1er septembre 2019, San Francisco, je suis à Castro, on boit des verres, demain c’est un jour férié aux US, la fête du travail (Labor Day), je me dis que ça peut-être l’occasion de tester un bar à cul local. Je décide donc de me rendre dans un lieu kinky en taxi car c’est un peu excentré.

J’arrive vers 23h, première surprise à l’entrée on me demande de payer 20 dollars pour avoir une carte de membre en plus des 13 dollars de frais d’entrée.

J’explique que je suis de passage mais en fait la carte de membre est obligatoire…

Du coup 33 dollars (sans consommation) je me dis que ça fait cher le bar à cul et que les gens pauvres et/ou sans emploi doivent avoir du mal à fréquenter ce genre de lieux…

Deuxième (mauvaise) surprise le mec à la caisse m’explique que le sexe sans capote est interdit! Quelle drôle d’approche de la prévention. Je n’ose pas trop la ramener je ne suis pas dans ma zone de confort…

Une fois passé le vestiaire (où il faut laisser CB et téléphone portable pour éviter les vols), première bonne surprise : ce lieu pue le cul et n’est pas du tout aseptisé comme je le craignais.

C’est grand, spacieux, il y a des glory holes de partout sur 3 étages , dans les WC une baignoire pour les jeux uros, un peu plus loin une croix de Saint André. Bref il y en a pour tous les goûts. Seul bémol les cabines sont très petites.

Niveau clientèle c’est assez varié aussi. Moyenne d’âge 40 ans je dirais, y’a du daddy, du cuir, du barbu, des soumis, des domis, des timides qui ne font que mater… bref un bar à cul assez classique quoi.

Moi j’observe. J’adore découvrir ce genre de lieux surtout dans un pays étranger.

Un mec est en train de se faire fister à côté des WC et il a l’air de bien apprécier…

Un daddy tatoué avec une grosse barbe vient me brancher. Il est plutôt sympa alors j’engage la discussion. Je lui demande ce qui se passerait si on baisait sans capote? Il me dit qu’en théorie on pourrait se faire virer mais en réalité ce n’est pas vraiment contrôlé. Il ajoute que c’est une façon très paternaliste d’envisager la prévention. Je suis d’accord avec lui. Je lui explique qu’à Paris dans les saunas/bordels il y a pleins d’affiches et de dépliants sur les outils de protections mais que rien est imposé. C’est à chacun de choisir l’outil le plus adapté à sa vie, ses pratiques et ses partenaires. Certains sont à l’aise avec la capote, d’autres vont préférer la PrEP ou le TasP.

Ça se saurait si la stratégie de la peur et de l’interdit était efficace dans la lutte contre le VIH. Je pense au contraire que c’est en laissant le choix aux gens qu’on les responsabilise. Mon daddy barbu a l’air d’accord avec moi mais il ajoute que la capote sert aussi à se protéger des IST. Pas faux daddy mais je lui sors mon argument choc : on peut choper pleins d’IST juste en suçant ou en se faisant sucer sans capote et je n’ai vu personne sucer avec capote ici. Good point kiddo! Il termine notre discussion en me disant que cette approche est surtout l’héritage du puritanisme américain. C’est vrai qu’on est dans le pays de tous les extrêmes et de la morale hypocrite. En 2004 Janet Jackson était mise sur le bûcher pour avoir dévoilé pendant une seconde un bout de téton au Superbowl. La même année les États Unis étaient déclarés premier marché mondial du porno…

De retour dans mon bordel de San Francisco je croise un bear latino dans un couloir étroit. Il est en train de prendre un petit barbu, très vite il jouit en lui et au moment de se retirer, aucune capote en vue.