Chapitre 42 : Vendredi 13

Vendredi 13 octobre 2013, je suis convoqué au tribunal de grande instance de Bobigny pour assister à l’audience des deux hommes mis en examen suite à mon agression en 2009 chez moi. Je me suis constitué partie civile dès le lendemain de mon agression, mais je ne pensais pas attendre quatre ans avant d’avoir une audience.

Le jour J, je suis mort de trouille. Et pourtant, c’est moi la victime. Je crois que j’ai surtout peur de les revoir et peur que leur avocat me fasse passer pour celui qui est imprudent, celui qui les a invités chez moi pour un plan BDSM. Peur que ma sexualité soit jugée par des inconnus.

Je suis accompagné par Virginie et David. La journée est longue car les affaires se succèdent et j’apprends que la mienne va être examinée en dernier. Premier soulagement, mes agresseurs ne sont pas présents. Et ce n’est pas bon pour eux. Deuxième soulagement, la juge ne fait aucun commentaire sur ma sexualité, mon « imprudence ». Pour elle je suis la victime et je n’ai jamais demandé à être attaché, frappé et dépouillé de ma carte bancaire.

On me demande d’aller à la barre et j’insiste de nouveau sur un élément qui me paraît important. Lors de l’enquête et lors des confrontations, mes agresseurs ont déclaré qu’il s’agissait d’un plan à trois tarifé qui aurait « mal tourné ». C’est un mensonge. Il n’a jamais été question d’argent.

Ni sur le chat gay, ni à leur arrivée. Et à aucun moment ils n’ont indiqué qu’ils pouvaient être escorts. C’est leur façon à eux de se sortir de cette situation, mais c’est faux. La juge me croit. Nos échanges sur le site gay ont été conservés dans le dossier et il n’y aucune trace d’une discussion sur une transaction financière.

Mes agresseurs sont reconnus coupables de séquestration et vol en réunion. Ils prennent un an avec sursis. En tant que partie civile j’avais demandé 10 000 euros de dommage et intérêts. On m’accorde 3 000 euros. Ça me paraît bien peu par rapport à quatre années de procédures, de stress et de tous ces cauchemars que je fais la nuit. Peu importe, c’est le symbole qui compte et justice est faite.

Une nouvelle bataille commence pour obtenir mon argent car ils sont déclarés insolvables. Je lance une procédure auprès d’un organisme chargé d’indemniser les victimes.
Tout est fait pour décourager les victimes de toucher les indemnités qui leur sont dues.

D’abord le premier envoi de mon dossier est « perdu ». Je le renvoie et au bout de trois mois on me dit qu’il manque une pièce : le jugement final signifié aux prévenus. Problème : mes agresseurs ont déménagé et le tribunal n’arrive pas à les localiser !

J’harcèle le tribunal de courriers et d’appels pendant un an et je finis par l’obtenir.

Puis le Fonds de Garantie des Victimes m’écrit pour me demander un certificat de non-appel de mes agresseurs avec la date et le mode signification. De nouveau des mois de perdus.

Finalement, en septembre 2015, deux ans après l’audience et six ans après mon agression, je perçois une somme d’argent mais seulement un tiers des indemnités. Je n’ai jamais reçu le reste.

Quant à mes agresseurs, il m’a fallu cinq minutes sur Google pour les retrouver sur Facebook et Linkedin, le Fonds de Garantie des Victimes et le tribunal de Bobigny ne doivent pas avoir une bonne connexion Internet.

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