Cruising

Septembre 2003, mes premières semaines à Paris je suis très seul. Pour me changer les idées, je vais souvent au sauna Univers Gym et je découvre aussi le plus grand sex-club de la capitale : le Dépôt.

Ma première fois au Dépôt est épique. C’est la soirée Total Beur. Le lieu est immense. En haut, une piste de danse avec un DJ qui joue du rai et du R&B. En bas, un labyrinthe géant avec des dizaines de cabines, des glory holes, un sling, des darkrooms, etc. Je n’ai jamais vu ça de ma vie. C’est fascinant et terriblement excitant.

Je suis en mode prédateur. J’enchaîne les mecs. J’ai du succès et ça booste mon ego et ma libido.

À un moment donné, je suis dans la darkroom et je commence à sucer un mec, un autre se met à côté de lui et sort sa bite. Il bande fort et veut que je le suce. J’alterne d’une bite à l’autre, j’essaie de sucer les deux en même temps tout en me branlant. Pendant que je m’active sur leurs queues, eux s’embrassent et se bouffent les tétons. J’ai du mal à réaliser ce que je suis en train de vivre. On se croirait dans un porno. Je suis sur le point de jouir, mais je me retiens pour faire durer le plaisir et l’excitation. Eux ne se retiennent pas et m’offrent une double éjaculation faciale généreuse et délicieuse. Première double fellation de ma vie.

Je vais aux toilettes pour me rincer le visage. Un mec à genoux me demande si je veux pisser dans sa bouche. Il me dit « je suis un urinoir, ça me ferait plaisir ». C’est nouveau pour moi tout ça, mais je trouve ça excitant. Le mec va jusqu’au bout de son trip et il ne fait de mal à personne.

Je remonte les escaliers direction la partie club et j’entends que le DJ joue Crazy in Love, le nouveau tube de Beyoncé. L’ambiance est dingue, tout le monde danse. J’enlève mon tee-shirt. Je me regarde danser dans le miroir. Je me trouve sexy, ce qui est rare. Un mec arrive dans mon dos et commence à se frotter à mon cul. Il bande fort. Ça me fait bander aussi fort. On s’embrasse. Il me propose de l’accompagner en bas. Une fois dans la cabine, il m’encule et jouit assez vite dans mon cul. Je réalise que je n’ai même pas vérifié s’il a mis une capote. Je me retourne et je le vois retirer une capote pleine de sperme. Ouf.

Il me demande si je veux jouir. Je réponds non, merci. Je sais qu’après avoir joui, toute mon énergie sexuelle se sera évaporée. Et j’ai encore envie de sexe.

Il y a ce mec qui me plaît beaucoup. Métisse, barbu avec une carrure de bear. Je le suis jusque dans le fumoir. Je le trouve encore plus sexy quand il fume. Je tente une approche, mais il n’est pas réceptif. C’est le jeu dans ce genre d’endroits, on ne peut pas plaire à tout le monde.

Je décide de me mettre au glory hole. À genoux, j’observe ce qui se passe à travers le trou. Un homme entre, il baisse sa braguette et sort sa bite, je lui fais signe de s’approcher. Il passe son chibre à travers le trou, je l’engloutis et le pompe goulûment. Il jouit dans ma bouche. Moi je me retiens encore.

Vers 5 h 30 du matin, j’ai perdu le compte des mecs avec qui je me suis amusé : six, sept, huit ?

Je me décide enfin à sortir du Dépôt et je vais m’acheter une crêpe rue Saint-Denis. Je m’assois sur un banc pour la manger et j’observe la faune autour de moi. Il y a des prostitués, des travestis, des mecs bourrés et des dealers. S’ils savaient que quinze minutes plus tôt j’étais à genoux en train de sucer une bite à travers un trou dans un mur…

Tout ce petit monde a l’air de bien s’entendre. Moi je me sens bien, je me sens vivant.

Je vais prendre le métro aux Halles. Dans la rame, un mec s’assoit en face de moi. Je ne peux pas m’empêcher de fixer son paquet. Je bande comme un fou. L’excitation de ces cinq heures de sexe non-stop ne redescend pas.

J’arrive chez moi, je me fous à poil et dans mon lit et je me branle. Je jouis en deux minutes.

Une des plus grosses éjaculations de ma vie.

Extrait du livre T’as pas le sida j’espère?! disponible en version papier et en version numérique.

Crédit photo : Nina Zaghian


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