Octobre 2003, ma rentrée à la Sorbonne en licence d’anglais ne se passe pas comme prévu. Je n’accroche pas avec les profs et encore moins avec les étudiants. Il n’y a que des filles et des fils à papa. Aucune entraide, aucune convivialité. Le midi chacun déjeune dans son coin. À la fin des cours, chacun rentre chez soi. La vie étudiante telle que je l’ai connue à Aix me manque. Les cours ne me passionnent pas non plus. Je m’emmerde.
Au bout d’un mois je jette l’éponge ! Cette université n’est pas pour moi.
Je continue d’aller à certains cours et aux partiels pour conserver ma bourse et ma chambre en cité U, mais je décide qu’il va falloir me trouver un job.
Les premiers mois je me laisse vivre et je découvre Paris et le milieu de la nuit. Je sors beaucoup dans les soirées gays R&B/hip-hop. Le mercredi, je vais à la soirée « Breakin » au Queen avec DJ Rod pour qui j’ai un gros crush ! Le vendredi, je vais au Dépôt pour la « Total Beur ». Le samedi, c’est la soirée « Streetlife » au Klub, rue Saint-Denis et le dimanche, c’est la soirée BBB (Black Blanc Beur) aux Folies Pigalle.
Dans ces soirées se jouent les derniers tubes R&B et hip-hop. J’adore cette musique et j’adore danser. Mais je n’ai pas le niveau des danseurs qui sont dans ces soirées. Je les admire. Ils me fascinent et ils m’intimident. Je rêve de faire partie de leur groupe. Je rêve de sortir avec DJ Rod et de devenir danseur dans sa bande.
Fasciné par l’univers hip-hop, je vais au marché aux puces de Saint-Ouen pour m’acheter des vêtements hyper amples et une fausse chaîne en or ! Quand je revois certaines photos de cette époque, je souris avec embarras. Je devais être vraiment ridicule, petit mec blanc qui se déguise en rappeur noir américain. Heureusement, le ridicule ne tue pas et cette lubie n’a duré qu’un temps…
Dans ces soirées, la plupart du temps, je suis seul. Je n’ai aucun ami gay. Je tente des approches timides et je me prends souvent des râteaux. Un jour à la BBB, je monte sur le podium et je me mets à danser sur Michael Jackson. Je suis déchaîné. DJ Rod qui est dans la salle me repère. Il me dit qu’il aime bien ma façon de danser ! On échange nos numéros et il m’invite à boire un verre.
Le jour J, je suis hyper stressé. Il est tellement beau. Grand, musclé et stylé. Le rendez-vous se passe bien, on parle surtout de musique et de danse et Rod est impressionné par mes connaissances de la culture R&B/hip-hop. Il m’invite à venir chez lui. Il veut clairement un plan cul, mais moi je veux plus. Je lui dis « pas ce soir » en espérant que le fait de ne pas coucher le premier soir lui donnera envie de me revoir.
C’est raté, visiblement Rod n’est pas un garçon à qui on dit non. On ne s’est jamais revus.