Après une fin d’année 2001 très difficile, l’année 2002 commence par une jolie rencontre amoureuse. Il s’appelle James, il est américain et il fait partie d’un échange universitaire entre Nashville et Aix-en-Provence.
On se rencontre le jour de la Saint-Valentin et on devient vite inséparables. Je fais un DEUG d’anglais à la fac alors cette relation me permet de faire des progrès en langue.
On est très câlins, très complices, par contre sexuellement c’est pas top. James n’a presque pas de libido. Moi j’ai une libido pour deux ! Quand je veux faire l’amour avec lui, il me rejette et me propose des câlins « soft »…
Parfois, je vais au New Cancan, à Marseille et dans la pénombre de la backroom je retrouve Feisal. Notre relation est très étrange. Il est marié avec des enfants et refuse de me voir en dehors du New Cancan. C’est toujours quand il veut.
Mais sexuellement, il me rend dingue. On a une alchimie naturelle. On s’emboîte parfaitement !
Un jour où je n’ai pas trop le moral car James est parti en week-end à Paris, je propose à Feisal qu’on se voie au Cancan.
Je prends mon bus Aix-Marseille. J’arrive vers minuit. Il veut descendre direct à la backroom. Après avoir joui d’habitude on remonte et on passe la nuit à discuter et à se faire des câlins, mais ce soir-là il me dit : « Je reviens je vais aux toilettes. »
Il ne revient pas et me laisse en plan.
J’essaie de l’appeler, mais il ne répond pas. Je suis dégoûté, l’impression qu’il m’utilise juste pour assouvir ses pulsions sexuelles.
Je rentre chez moi à Aix avec le premier bus à 5 h30 du matin. Seul et déprimé.
Le lendemain, il s’excuse et m’explique qu’il a dû rentrer pour régler un « truc familial ». Quand je lui dis que je me suis senti abandonné et humilié, ça le fait rire et il me sort : « On n’est pas mariés. »
Le vendredi suivant, il me propose de nouveau qu’on se voie au Cancan. Je lui dis OK, mais pour me venger je ne viens pas, je le laisse en plan et je filtre ses appels.
À l’époque, j’ai un petit job étudiant au Monoprix d’Aix-en-Provence et le lendemain, je suis en train de remplir les rayons lorsque mon responsable vient me chercher : « Fred, un certain Feisal te demande au téléphone et dit que c’est urgent. » Devant mon responsable, je réponds au téléphone et demande à Feisal d’arrêter de me harceler. Il est très en colère. Je suis mort de honte.
Cette nuit-là, je suis content de retrouver mon James même si on ne baise pas, il m’apporte une tendresse et un réconfort que Feisal ne pourra jamais me donner.
Je décide d’arrêter de fréquenter Feisal, car ce semblant de relation ne mène à rien.
En juin 2002, l’année universitaire s’achève. James doit rentrer chez lui aux États-Unis. Je l’accompagne à la gare TGV qui doit l’emmener à Paris où l’attend un vol pour Nashville.
Sur le quai on s’enlace pudiquement et on se promet de rester en contact.
On ne s’est jamais revus.