Freddie Mercury, cet ami séropo que je n’ai jamais eu.

Pendant les fêtes, j’ai profité d’un break dans ma formation de community manager pour rattraper mon « retard » ciné. J’ai pour habitude de me faire 2 cinés par semaine mais ces derniers temps entre mes cours, ma recherche de stage et mon travail sur un nouveau site web (dont je vous parlerai bientôt…) c’était compliqué d’aller au ciné.

Bref dimanche je suis enfin allé voir « Bohemian Rhapsody » le biopic sur Freddie Mercury . Je dois avouer que j’y allais avec un mélange d’excitation car j’adore cet artiste mais aussi d’apprehension car j’avais lu certaines critiques vraiment dures.

Pendant plus de 2h je me suis laissé transporter par l’interprétation magistrale de Rami Malek qui joue Freddie avec un mimétisme troublant de réalisme.

Bien sur j’ai adoré les séquences musicales que ce soit en studio ou sur scène qui sont vraiment réussies et m’ont donné la chair de poule.

Mais par dessus tout j’ai été touché par l’homme derrière la rock star. Un homme rongé par la solitude, une homosexualité pas toujours facile à assumer venant d’une famille croyante et conservatrice et puis le Sida qui vient le frapper au sommet de sa gloire.

Je crois que c’est la partie que je redoutais le plus. J’avais très peur d’une séquence pathos à la Phildalephia. Finalement le VIH est traité de façon à la fois pudique et touchante. Comment retenir ses larmes lorsqu’il annonce à son groupe qu’il est atteint du virus?

Ce film m’a rappelé à quel point, malgré tout ce que je fais et dit, le VIH reste un sujet sensible me concernant. Je fais un travail de visibilité dans les médias et sur les réseaux sociaux. Je me ballade à la Marche des Fiertés avec un t-shrt « séropo et fier » et j’assume tout. Mais seul dans le noir devant ce film j’avais la gorge serrée et les larmes qui coulaient sur mes joues.

D’ailleurs je ne suis pas le seul, sur Twitter un contact gay et séropo m’a écrit en privé « j’ai été comme toi bouleversé par ce film. Mon mec moins mais il est séronégatif il s’est sans doute moins senti impliqué ».

Il m’est arrivé la même chose pendant les films « 120 BPM » et « Plaire, Aimer et Courir Vite » ou plus récemment devant la série Pose qui montre plusieurs personnages séropos dans les années 80 en pleine période d’hécatombe de l’épidémie.

Je sais que cette époque dite des « années de cendres » (1981-1996) est révolue et qu’aujourd’hui avec les traitements il n’y aucune raison médicale que je sois un jour en stade Sida mais je suis très ému à chaque fois que je vois un documentaire ou une oeuvre de fiction qui montre des personnes atteintes pendant les années cendres.

Je pense à ces millions de personnes qui sont mortes (et qui continuent de mourir dans certains pays ou l’accès aux traitement est compliqué…). Je me dis que je suis « chanceux » d’avoir connu la 2ème partie de l’épidémie et que par conséquent j’ai un devoir de mémoire, d’hommage et de combat par rapport à mes « ainés ».

Je ressens un peu la même chose avec les LGBT persécuté.e.s par le passé (et toujours aujourd’hui dans certains pays…) mais avec l’épidémie du VIH/SIDA c’est un sentiment décuplé d’appartenir à cette même communauté de destins.

Freddie Mercury fait partie de ces millions de vies sacrifiées de façon cruelle et injuste par cette épidémie. Quand il est mort en 1991 j’avais 10 ans et je suis passé à côté de sa vie (et sa mort).

Des années après en 1996, je loue un best of de Queen à la médiathèque de Miramas, j’ai 15 ans et j’écoute leur musique en boucle. Je découvre dans un documentaire sur Arte que Freddie était gay et qu’il est mort du sida. Ca me touche beaucoup.

15 ans plus tard, en septembre 2011, j’ai 30 ans, je vis à Paris, je suis séropo depuis 2 ans et je le vis mal. Je me sens seul et déprimé. Je n’ai pas d’amoureux, pas d’ami gay, encore moins d’ami séropo. Un soir de grande détresse j’avale trop de médicaments et je finis la nuit aux urgences. Le lendemain de retour chez moi, un salarié de Aides qui s’inquiétait de ne plus me voir à l’asso depuis plusieurs mois me laisse un message vocal : « ça fait un moment qu’on t’a pas vu Fred. On fait une soirée hommage à Freddie Mercury samedi dans le Marais pour les 20 ans de sa disparition et ça nous ferait plaisir de te revoir ».

Ce soir là je suis revenu dans l’asso après l’avoir quitté pendant 6 mois car je n’y trouvais pas ma place. Et depuis de façon un peu symbolique je vois Freddie Mercury comme cet ami séropo que je n’ai jamais eu.

RIP Freddie Mercury. 1946-1991

3 réflexions au sujet de “Freddie Mercury, cet ami séropo que je n’ai jamais eu.”

  1. oh,très touchant. Fredy Mercury m’a aussi tres émuue par sa musique et son histoire ,depuis que j’ai 10 ans. Je l’ai connu grave à mes parents qui écoutaient la cassettz en boucle dans la voiture et qui m’avaient ecwxpliqué de quoi il est mort. Je l’adore. gros bisou

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