1996

Janvier : Lors de la IIIe Conférence sur les rétrovirus de Washington, de nouveaux résultats concernant le ritonavir sont présentés. Les résultats sont très encourageants lorsque l’on associe trois molécules antirétrovirales : deux de type nucléoside et une troisième de type antiprotéase. La presse s’en fait largement l’écho. L’analyse intermédiaire d’un essai de phase III fait état d’un nombre de décès et d’infections opportunistes moins important dans le groupe de patients ayant reçu le ritonavir en association avec leur traitement antérieur (le plus souvent une bithérapie), que dans celui ayant reçu un placebo. Le TRT-5 annonce qu’au vu des résultats de cet essai, plusieurs milliers de patients en France devraient pouvoir bénéficier du traitement et dénonce la situation de pénurie.

Février : Le Conseil national du sida propose d’organiser un « tirage au sort » pour sélectionner les personnes pouvant en bénéficier. Cette idée, vivement critiquée par le monde associatif, est rejetée par le Premier ministre Alain Juppé. Face à la lenteur de la mise à disposition des trithérapies, les militants-es d’Act Up-Paris occupent l’usine de la firme américaine Abbott à Evreux.

Mars : Des militants-es d’Actions Traitements organisent une conférence de presse au retour de leur voyage à New York où ils/elles sont allés-es acheter les trithérapies non disponibles en France.

Les Etats-Unis autorisent la commercialisation à l’échelle mondiale du Ritonavir, un médicament antisida (Le Monde, 03 mars 1996)

En approuvant, vendredi 1er mars, la commercialisation du Ritonavir, un antiprotéase à propos duquel la formule de tirage au sort envisagée par le Conseil national du sida pour sa distribution en France a provoqué une vive polémique (Le Monde du 1er mars), la Food and Drug Administration (FDA) américaine a renforcé l’espoir de milliers de malades du sida qui devraient à cette nouvelle génération de médicaments, selon Fred Kessler, le commissaire de la FDA, de « vivre plus longtemps ». Après avoir donné son feu vert, en décembre 1995, à la mise sur le marché de l’Invirase (sous le nom de Saquinavir) des laboratoires Hoffmann-Laroche, la FDA vient d’approuver le Ritonavir (Norvir) des laboratoires Abbott tandis que son comité consultatif émettait un avis positif à l’Indinavir (Crixivan) des laboratoires Merck, celui-ci étant assuré de recevoir rapidement une autorisation définitive. Dans le cas du Ritonavir, les pharmacies américaines devraient être en mesure de répondre à la demande des malades dans un délai de deux semaines. Le président Bill Clinton s’est lui aussi félicité d’une décision qui signifie que l’investissement dans la lutte contre le sida « commence à porter ses fruits ».

La décision de la FDA devrait avoir des effets positifs pour tous les malades « en phase avancée », soit entre 60 000 et 100 000 personnes aux Etats-Unis et environ 15 000 personnes en France. Selon les chiffres de la FDA, un peu plus de 200 000 gélules pourront, dans un premier temps, être exportées vers la France. Jusqu’a présent, le Ritonavir était disponible en Europe sous forme de sirop, au goût fort désagréable. Pour traiter un millier de malades, environ 1 million de gélules par mois seront nécessaires. Ce premier contingent autorisé par la FDA sera fourni aux patients qui ont participé aux essais thérapeutiques du Ritonavir, soit un millier de personnes, dont un peu plus de 200 en France. Les laboratoires Abbott vont ensuite s’efforcer d’augmenter leur production de façon à pouvoir traiter 1 000 malades français

06 juin : 2e édition du Sidaction qui récolte 60 millions de francs contre 270 millions en 1994. Pierre Bergé, président d’Ensemble contre le Sida, impute une partie de cet échec aux propos virulents tenus sur le plateau par le président d’Act Up-Paris d’alors, Christophe Martet, qui a dénoncé l’hypocrisie du gouvernement français en s’adressant à son représentant Philippe Douste-Blazy, alors ministre de la culture, dénonçant un « pays de merde ». Il faut dire que la situation est scandaleuse sur bien des points : l’accès aux soins en prisons, par exemple.

Juillet : Le magazine Time nomme homme de l’année le spécialiste du VIH/sida David Ho.

La FDA approuve une autre classe de médicaments antirétroviraux – les inhibiteurs non nucléosidiques de la transcriptase inverse (INNTI) : Viramune (névirapine), Rescriptor (délavirdine), non encore disponibles en France.

7 au 12 juillet : Lors de la 11e conférence internationale sur le sida à Vancouver (Canada), la notion de charge virale indétectable fait son apparition.

Septembre : Autorisation de mise sur le marché (AMM) des trithérapies en France.

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