Dates importantes dans la lutte contre le VIH/sida (histoire médicale, associative, militante et culturelle de l’épidémie).
Sources : Remaides, Seronet , Actions Traitements, Catie, cdc.gov, Le Figaro, hiv.gov, Le Journal du sida , Libération, Le Monde, l’Onusida, Radio Canada, Sidaction, Têtu, Transversal, vih.org, Wikipedia, Une histoire de la lutte contre le sida (Michel Bourrelly et Olivier Maurel), Les Combattants du Sida (Christophe Martet), Act Up, une histoire (Didier Lestrade), Aides. Solidaires (Emmanuel Hirsch).
Janvier : Le Orphan Drug Act est adopté aux Etats-Unis. Cette loi encourage la recherche thérapeutique sur des pathologies rares, par l’octroi d’abattements fiscaux et la protection des brevets. La pentamidine (traitement contre la pneumocystose pulmonaire), en octobre 1984, puis le premier traitement contre le sida, l’AZT (azidothymidine aussi appelé zidovudine) en bénéficieront.
Les CDC rapportent des cas de sida chez des femmes partenaires sexuelles d’hommes malades du sida. En Afrique, une épidémie à transmission hétérosexuelle se révèle.
Au tout début de l’année 1983, l’infectiologue parisien Willy Rozenbaum réalise à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière un prélèvement sur les ganglions d’un malade à un stade précoce du sida. Son prélèvement arrive le 3 janvier sur les paillasses du laboratoire de l’Institut Pasteur. À la nuit tombée […], je me mets au travail, raconte Montagnier, disparu en 2022, dans son livre Des virus et des hommes.
Mars : Le bulletin Morbidity and Mortality Weekly Report (MMWR), des CDC américains note que la majorité de cas de sida sont observés chez des hommes homosexuels ayant plusieurs partenaires sexuels, chez des usagers de drogue par injection, des haïtiens et des hémophiles (« 4H » : homosexuels, héroïne, haïtiens, hémophiles). Le rapport suggère que le sida pourrait être dû à un agent infectieux transmis par voie sexuelle ou par l’exposition au sang et produits sanguins. Il formule des recommandations pour prévenir sa transmission.
20 mai : l’Institut Pasteur publie dans la revue Science la première description du virus responsable du sida sous le titre : Isolation of a T-lymphotropic retrovirus from a patient at risk for acquired immune deficiency syndrome (AIDS). Les chercheurs-ses qui ont isolé le virus – Luc Montagnier, Jean-Claude Chermann et Françoise Barré-Sinoussi – l’appellent alors le Lymphadenopathy Associated Virus (LAV). Il deviendra par la suite : le VIH. Cette découverte, on la doit au résultat d’une biopsie réalisée par Willy Rozenbaum sur un ganglion d’une personne suivie à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, en janvier.
Juin : Rédaction des Denver Principles, du nom de la ville accueillant une conférence nationale sur la santé gay et lesbienne, qui elle-même accueille la seconde conférence nationale sur le sida. Des personnes vivant avec le VIH (PVVIH, en anglais PWA, People with Aids) déclarent qu’elles ont le droit d’être associées aux décisions politiques concernant le sida, d’être traitées dignement et d’être désignées comme des personnes ayant le sida et non pas des victimes du sida. L’Association nationale des personnes ayant le sida (National Association of People with AIDS, NAPWA) sera fondée sur la base de cette charte.
20 juin : Première circulaire française concernant l’infection par le VIH. Emise par la Direction générale de la santé (DGS), elle est relative à la prévention de la transmission du sida par la transfusion sanguine : « Le sida pourrait être dû à un agent infectieux dont la transmission par le sang et les produits dérivés du sang a pu être suspectée mais non établie ». Cette circulaire écarte du don du sang les « populations à risque », parmi lesquelles les personnes bisexuelles et homosexuelles « ayant des partenaires multiples ».
15 juillet : Paris Match fait sa une sur « la nouvelle peste ».
Août : Le docteur Patrice Meyer, cancérologue à l’Hôpital Paul Brousse (Villejuif, Île-de-France), crée la première association française de lutte contre le sida : Vaincre le sida (VLS). Cette création se fait en rupture avec l’Association des médecins gais, dont Patrice Meyer juge que l’association ne prend pas la mesure du problème.
6 août : On annonce la disparition du chanteur allemand Klaus Nomi, icône de la scène new-wave du début des années 80 et contre-ténor d’opéra. Il est l’une des premières célébrités victimes du sida ; il a 39 ans.
17 aout : Première note du Ministère de la santé sur le sida.
Septembre : le ministre américain de la Justice et l’ONG Lambda Legal entament une procédure judiciaire pour discrimination sérophobe : un médecin, le Dr Joseph Sonnabend, est menacé d’être expulsé de l’immeuble où se trouve son cabinet parce qu’il y soigne des « malades du sida ».
Premiers résultats du test de dépistage Elisa, mis au point par Christine Rouzioux
et Françoise Brun-Vézinet. Résultats présentés par Luc Montagnier lors d’un
colloque de l’Inserm à Seillac.
Décembre : Près d’une centaine de cas sont recensés en France, dont 50 décès.
Fin novembre : L’Organisation mondiale de la santé démarre une surveillance globale de la maladie. Des cas sont signalés au Canada, dans plusieurs pays européens, en Haïti, au Zaïre, en Australie, etc. On recense près de 3 000 cas au niveau mondial, dont 267 cas dans les pays européens.
Le président américain Ronald Reagan conseille l’abstinence et la fidélité conjugale pour contrer l’épidémie.
Décembre : La France compte 221 cas de sida.