2000-2009

2000

Ici : Premiers échanges entre AIDES et la Cocq-sida (Coalition des organismes communautaires québécois de lutte contre le sida) autour de l’insertion sociale et professionnelle des personnes vivant avec le VIH. Drôle de Félix, film réalisé par Olivier Ducastel et Jacques Martineau, sort en salles le 19 avril. Ce road movie, empreint d’humanité et de tendresse, met en scène Félix, personnage gay et séropositif joué par Sami Bouajila. Guillaume Dustan, auteur ouvertement gay et séropositif, défend une sexualité libre et sans préservatif (bareback) dans ses romans (Dans ma chambre, par exemple) et ses interviews. Cela lui vaut d’être attaqué violemment par Didier Lestrade, membre historique d’Act Up-Paris, qui juge les positions de Dustan « criminelles ».

Ailleurs : En juillet, les dirigeants-es du G8 conviennent des objectifs de développement international pour le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme. Le même mois, à la 13e Conférence internationale sur le sida organisée à Durban (Afrique du Sud), le président français Jacques Chirac se désole d’une « épidémie à deux vitesses ».

2001

Ici : En septembre, la convention Belorgey est signée : elle doit permettre l’accès au crédit des personnes ayant un risque de santé aggravé. Elle deviendra, plus tard, la fameuse et critiquée convention AERAS. AIDES appelle au boycott des produits et médicaments du laboratoire Roche, en raison du retard du laboratoire dans la mise à disposition du T20 (nouvelle famille de molécules appelée les inhibiteurs d’entrée), le Fuzeon (T20), un médicament injectable pour les personnes qui connaissent un échec thérapeutique. Une loi relative à la lutte contre les discriminations en général est adoptée le 16 novembre. Commercialisation du Viracept (nelfinavir), anti-protéase, à prendre en cinq comprimés deux fois par jour ou trois comprimés trois fois par jour ; ils donnent des diarrhées à chaque prise le plus souvent.

Ailleurs : L’Onusida rapporte que plus de 40 millions de personnes vivent avec le VIH et que 24,8 millions de personnes sont décédées d’une maladie liée au sida. Par ailleurs, le nombre de femmes vivant avec le VIH dans le monde dépasse celui des hommes. En juin, une session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies est dédiée au VIH/sida avec une déclaration d’engagement des pays membres. Le 14 novembre, la conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce adopte la Déclaration de Doha. Elle autorise un pays à octroyer à une société nationale une « licence obligatoire » lui permettant de copier, pour son usage interne, un médicament étranger, en cas de situation d’urgence sanitaire nationale comme le VIH ou la tuberculose.

2002

Ici : En mars, l’institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes) remplace le Comité français d’éducation pour la santé. En mai, AIDES et Sida Info Services organisent des états généraux « Homosexualité et sida » durant lesquels AIDES présente ses flyers de réduction des risques sexuels. Act Up-Paris qui condamne fermement toute pratique sexuelle sans préservatif, s’en prend à la stratégie de prévention de AIDES par presse interposée. En septembre, un sondage réalisé auprès des appelants-es de la ligne Sida Info Droit montre que près de 65 % des personnes séropositives au VIH s’estiment discriminées.

Ailleurs : En janvier, le Secrétaire général des Nations Unies crée le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, suite à des demandes de chefs-fes d’État et d’une mobilisation de la société civile.

2003

Ici : En juin, la cour de cassation en charge de l’affaire du sang contaminé statue sur un non-lieu général, ce qui met un point final à quinze ans de procédures. Mise en place de la déclaration obligatoire de l’infection à VIH (anonyme) par l’Institut de veille sanitaire. Le T-20 (Fuzeon), traitement efficace sur la plupart des VIH résistants aux autres traitements, obtient enfin une autorisation de mise sur le marché en France après deux ans d’attente et de pressions de la part des associations.

Ailleurs : En janvier a lieu le lancement du programme américain de coopération bilatérale pour la lutte contre le sida PEPFAR : il concerne les pays du sud. En août, un accord est signé entre les pays de l’OMC concernant l’accès aux médicaments génériques pour les pays n’ayant pas d’industrie pharmaceutique. Le 1er décembre, l’OMS annonce l’initiative « 3 by 5 » qui vise à offrir un traitement à 3 millions de personnes dans le monde d’ici 2005.

2004

Ici : En juin, le tribunal de Strasbourg condamne une personne séropositive à six ans de prison pour avoir transmis sciemment le VIH. En août, la loi de santé publique reconnaît du point de vue législatif le concept de réduction des risques liés (RDR) à l’usage de drogue par voie intraveineuse. AIDES organise en novembre les premiers États généraux des personnes vivant avec le VIH à Paris. En novembre, le sida est déclaré grande cause nationale pour l’année 2005 ; c’est la troisième fois en France. Hélène Rossert, directrice générale de AIDES, est élue vice-présidente du Fonds mondial contre le sida, la tuberculose et le paludisme. AIDES commémore ses 20 ans et pour l’occasion, l’œuvre Mille portraits de militants-es de la lutte contre le sida réalisée par l’artiste Pierre Maraval est exposée sur une gigantesque fresque à Paris et en régions. Les injections de New Fill sont enfin remboursées par la Sécurité sociale.

Ailleurs : En février, l’Onusida lance la Coalition mondiale sur les femmes et le sida pour faire connaître l’impact de l’épidémie de VIH/sida chez les femmes et les jeunes filles dans le monde entier. Le 10 juin, les pays leaders du G8 appellent à la création du Global HIV Vaccine Enterprise, un consortium de groupes gouvernementaux et privés destinés à coordonner et accélérer les efforts pour trouver un vaccin efficace contre le VIH.

2005

Ici : AIDES organise à Lyon les États généraux des personnes migrantes/étrangères vivant avec le VIH/sida en France et dépose un recours devant le Conseil d’État contre deux décrets contraignant les étrangers-ères sans papiers à apporter la preuve qu’ils-elles se trouvent sur le sol français depuis au moins trois mois, pour avoir droit à l’Aide médicale d’État (AME). Une grande conférence, intitulée « VIH et santé gaie. Nouveaux concepts, nouvelles approches », est organisée en novembre à l’initiative de l’association The Warning, un ouvrage de référence sera publié par la suite. En novembre, décret de création des Corevih (Coordination régionale de lutte contre le VIH). Autorisation de mise sur le marché du Truvada sous forme d’un comprimé avec deux molécules anti-VIH : l’emtricitabine et le ténofovir disoproxil. Création de Chroniques associés, collectif d’associations de personnes vivant avec une maladie chronique. Ce collectif deviendra [Im]patients, Chroniques & Associés en 2011. Le sida est déclaré grande cause nationale en France.

Ailleurs : Lors du sommet annuel du Forum économique mondial à Davos, en Suisse, le VIH/sida en Afrique et dans d’autres régions durement touchées est placé en tête des préoccupations des participants-es. En juin, le pape Benoit XVI scandalise les associations de lutte contre le sida dans le monde entier, déclarant que « l’enseignement traditionnel de l’église a démontré être la seule façon intrinsèquement sûre pour prévenir la diffusion du sida ». L’Onusida recense plus de 30 millions de personnes vivant avec le VIH dans le monde. Depuis 2003, le nombre de décès dus au sida culmine à 1,9 millions par an (la France en compte un peu moins de 800).

2006

Ici : En partenariat avec AIDES, le préservatif à 20 centimes est lancé dans toute la France, en vente dans les tabacs et points presse. Suite à la loi de 2004 qui définit la réduction des risques (RDR), de nouveaux établissements médico-sociaux sont créés : les centres d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues (Caarud). Lancement de la première édition de la campagne de communication contre la sérophobie  « Si j’étais séropositif ». En juillet, signature de la convention S’assurer et emprunter avec un risque aggravé de santé (AERAS), qui entrera en vigueur en janvier 2007. En novembre, l’association de convivialité Les Jeunes Séropotes (JSP) est créée à Paris, elle sera renommée les Séropotes quelques années plus tard.

Ailleurs : Les nouvelles infections du VIH dans le monde sont estimées à 4,3 millions. L’Afrique subsaharienne reste la zone où deux tiers des nouvelles infections ont lieu. Les Nations Unies organisent une réunion de suivi et publient un rapport sur la mise en place de la Déclaration d’engagement sur le VIH/sida. En juin, a lieu le lancement d’Unitaid, une organisation internationale d’achats de médicaments contre le VIH/sida, chargée de centraliser les achats de traitements médicamenteux, afin d’obtenir les meilleurs prix possibles, en particulier à destination des pays en voie de développement. La 16e conférence internationale sur le sida se tient à Toronto en juillet.

2007

Ici : Arnaud Marty-Lavauzelle, président de AIDES de 1991 à 1998, décède d’une maladie liée au sida le 13 février. En Afrique, le premier regroupement, organisé par AIDES et ses partenaires, sur la prévention auprès des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes se tient à Ouagadougou ; il donnera naissance à Africacay contre le sida. Les Témoins, film français réalisé par André Téchiné, sort le 7 mars. Sami Bouajila reçoit le César du meilleur acteur dans un second rôle en 2008 pour son personnage de policier amoureux d’un jeune homme séropositif en stade sida dans les années 80.

Ailleurs : En mars, l’OMS et l’Onusida recommandent de considérer la circoncision masculine comme un moyen supplémentaire important de réduire le risque de transmission sexuelle du VIH, notamment dans les pays où la prévalence est extrêmement élevée. Dans une interview publiée dans la publication médicale, le Bulletin des médecins suisses le 1er décembre, le professeur Bernard Hirschel annonce que : « Les personnes séropositives ne souffrant d’aucune autre MST et suivant un traitement antirétroviral efficace, ne transmettent pas le VIH par voie sexuelle ». Cette annonce, peu médiatisée au moment de la publication, est ce qu’on appelle aujourd’hui « l’avis Suisse » ou rapport Hirschel. C’est le point de départ de la « révolution » Tasp (traitement comme prévention).

2008

Ici : En janvier, la médiatisation du rapport Hirschel sur le Tasp déchaine des passions dans la communauté VIH. En France, c’est alors un flot de critiques : l’ANRS et le Conseil national du sida, par les voix de leurs directeur et président respectifs Jean-François Delfraissy et Willy Rozenbaum, s’inquiètent. Côté associations, Act Up-Paris estime que l’avis suisse est prématuré et qu’il faut attendre les résultats d’un essai clinique, HPTN 052, alors prévus pour 2017. Libération cite Bruno Spire, le président de AIDES : « Le bouleversement est là, mais on n’a pas encore tout saisi des conséquences. Hirschel a touché juste […] La question de la transmission est centrale dans la vie d’un séropo ». Toujours en janvier, l’ALCS (Maroc), AIDES (France), Arcad sida (Mali) et la COCQ- sida (Québec) créent Coalition PLUS, chargée de promouvoir la démarche communautaire à l’international. En juillet, AIDES lance Seronet, premier site internet francophone à destination des personnes vivant avec le VIH. En octobre, Françoise Barré Sinoussi devient prix Nobel de médecine pour la découverte du virus en 1983. Deux nouvelles molécules obtiennent une autorisation de mise sur le marché (AMM) en France : le maraviroc (Celsentri) qui est un anti-CCR5 (antagoniste du récepteur CCR5) et le raltégravir (Isentress), de la classe des anti-intégrases.

Ailleurs : Le 3 août, s’ouvre la Conférence internationale sur le sida à Mexico. L’occasion pour l’association suisse de personnes vivant avec le VIH, LHIVE, de lancer le « Manifeste de Mexico » qui demande la reconnaissance du rapport Hirschel par l’ensemble de la communauté médicale. Médiatisation du premier cas de « guérison » fonctionnelle du VIH. D’abord connu sous le nom du « patient de Berlin », Timothy Ray Brown, dont le nom sera rendu public deux ans plus tard, contrôle le VIH sans traitement depuis une greffe de cellules souches d’un donneur qui a une mutation génétique rare lui conférant une résistance naturelle au VIH. Il deviendra le symbole de l’espoir de la guérison du VIH et un activiste sur tous les fronts jusqu’à son décès en septembre 2020 des suites d’un cancer.

2009

Ici : En mai, Asud, Act Up-Paris et d’autres associations relancent le débat sur les salles de consommation à moindre risque (SCMR). En juillet, la loi HPST (Hôpital Patient Santé Territoire) réforme le système de santé et entérine la régionalisation des politiques de santé en France avec la création des agences régionales de santé (ARS). Bruno Spire, président de AIDES, reçoit la légion d’honneur qui consacre l’ensemble des militants-es de l’association. Le 9 avril, le Conseil national du sida rend public un avis suivi de recommandations sur l’intérêt du Tasp comme outil novateur de la lutte contre l’épidémie d’infection à VIH. Le document explique tout l’intérêt de faire connaître le Tasp aux personnes concernées, aux soignants-es et aux associations de lutte contre le VIH. AIDES commémore ses 25 années d’existence avec notamment la sortie de l’ouvrage Sida : portraits de combattants.

Ailleurs : En février, lors de la 16e Croi organisée à Montréal, les tout premiers essais sur la Prep (prophylaxie pré-exposition) sont présentés avec des résultats annoncés pour 2010. Lors d’une visite en Afrique en mars, le Pape Benoît XVI fait une déclaration polémique sur le préservatif : « On ne peut pas résoudre le fléau [du sida] en distribuant des préservatifs. Au contraire, cela augmente le problème ». L’Onusida demande la mise en place de programmes dont l’objectif est l’élimination complète de la transmission du VIH de la mère à l’enfant d’ici 2015. Première combinaison à dose fixe permettant à de nombreuses personnes vivant avec le VIH de prendre leur traitement en une seule prise : Atripla. En novembre, l’OMS établit de nouvelles recommandations concernant les traitements ARV : mise sous traitement plus précoce : 350 CD4/mm3 contre 200 CD4/mm3, y compris chez les femmes enceintes. Autrement dit, on traite plus rapidement sans attendre une baisse des CD4.

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