Quelques jours après ma tentative de suicide en septembre 2011, je reçois un appel d’un salarié de AIDES. Il s’inquiète de ne plus me voir au local de Paris 12 et il m’annonce qu’ils vont organiser une soirée hommage à Freddie Mercury au Yono, un bar dans le Marais, il me dit « je sais que tu aimes les paillettes, Fred, alors j’ai pensé à toi ».
Ce salarié a depuis quitté AIDES, mais je ne le remercierai jamais assez de m’avoir appelé ce jour-là. Seul, je n’aurais pas osé franchir le pas pour revenir après six mois de silence.
Mon retour dans l’association se passe merveilleusement bien. Je sympathise avec l’équipe et je commence à participer à des actions de prévention. Une, puis deux, puis trois par semaine.
Après chaque action, on se retrouve pour boire un verre ou manger un bout. Des liens forts se tissent. Il y a David, le responsable du local et José, un volontaire, qui vont devenir comme des frères de cœur pour moi et avec qui je suis toujours très lié aujourd’hui. Il y a aussi Alexia, Maxime, Marco D, Cathy et les autres. Une équipe de choc.
Je prends plaisir à accueillir le public lors des actions de rue ou au local pour la permanence de dépistage rapide. Pour la première fois de ma vie, à 30 ans, je me fais de vrais amis LGBT qui partagent les mêmes valeurs que moi. C’est un sentiment très réconfortant de se fonder une famille de cœur parmi les siens. La force du lien communautaire.
Sentimentalement, c’est toujours le désert, mais j’ai retrouvé mon envie de séduire et ma libido. Je découvre dans un magazine gay que le sauna Sun City organise un réveillon de Noël. J’y vais un peu à reculons en me disant que ça risque d’être un peu déprimant.
En réalité, je passe un moment délicieux. Le nombre de pédés sans famille, ou en froid avec elle est assez impressionnant ! On baise, on discute, on rebaise, on se détend dans le hammam ou la piscine.
Quelle idée géniale d’ouvrir les saunas gays ce soir-là. J’en garde un souvenir précieux et juteux…